mercredi 23 décembre 2009

Les garçons victimes du sexisme ?

Evidemment, les premières victimes du sexisme sont les filles et les femmes.

La question est de savoir si les stéréotypes masculins et l'élitisme de l'éducation ne conduisent pas soit à «casser» les garçons soit à en faire des technocrates ... finalement assez stupides - même s'ils ont réussi une grande école. Il n'y a qu'à voir l'état actuel de nos sociétés et de l'économie, notamment l'enchaînement des crises, pour se rendre que les dirigeants sont loin d'être parfaits. Le plus désespérant étant que manifestement les expériences, les échecs, ne sont pas analysés.

Il n'y a pas de droit à l'erreur. Soit il faut trouver un coupable, soit le dirigeant qui reconnaît son erreur est viré. Le mécanisme pédagogique de l'apprentissage n'est pas accepté.

Le problème est que ce fonctionnement semble appliqué à l'éducation des petits garçons, par la famille et par l'école. L'école n'est pas un lieu hors du temps et de la société et les enseignant(e)s sont eux-mêmes porteurs d'une éducation et des stéréotypes qui leur ont été transmis par leur famille et l'école.

Quelques références - outre le site « Olympe et le plafond de verre » :

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Il faut que tu lises, si pas déjà fait "La domination masculine" essai dans lequel Pierre Bourdieu décortique le phénomène et explique que les hommes et les femmes en sont victimes et/ou bénéficiaires (avec un petit plus pour les femmes en victime, quand meme)...

Hervé Boniface a dit…

Merci pour cette référence. Je m'y colle dès que possible ...

Je me suis intéressé récemment au sujet à propos des difficultés scolaires des garçons qui, selon toutes les statistiques, sont nettement plus élevées que pour les filles.
La question que je me pose est pourquoi, si on identifie un facteur d'aggravation, on n'arrive pas à construire une stratégie pour y remédier? la réponse suggérée par ton commentaire est que c'est parce que "certains" profitent de la situation.
Toutefois, je me demande si le moteur principal n'est pas une volonté implicite de maintenir un ordre social (au sens "lutte de classes" plutôt que "lutte des sexes" ... j'y reviendrai).

lulu a dit…

J'aurai tendance à dire que l'échec des garçons vient de ce que l'école est extrêmement normée, et chez les petits (maternelle et primaire) très féminisée.
Pour le voir dans mon métier au quotidien, les profs hommes et les profs femmes ne peuvent se défaire de leur appartenance sexuée, les femmes de manière générale ne réagissent pas exactement comme les hommes, et vice versa. Cela implique des exigences différentes et des attentes variables en matière de comportement, donc si chez les petits ce sont surtout les femmes qui enseignent peut-être leurs attentes ne sont elles pas en adéquation avec ce que peuvent produire des petits garçons. Je ne dis pas que tous les garçons sont les mêmes et toutes le filles aussi de leur côté, mais beaucoup de points communs se retrouvent à l'intérieur d'un même sexe. En EPS nous travaillons beaucoup sur la mixité et sur le rapport au corps. L'un de nos objectif est d'amener nos élèves des deux sexes à partager une culture commune, c'est à dire tout le monde se confronte à la danse comme au rugby, et c'est possible si l'on n'oublie pas de prendre en compte les représentations de départ de chaque sexe (sachant qu'il y a des variantes d'un garçon à l'autre et d'une fille à l'autre, on est toujours d'accord pour ne pas mettre tout le monde dans le même sac.) Et bien les résultats sont fascinants et je ne me lasse pas d'observer mes élèves années après années lorsqu'ils sont comme cela confrontés à une activité "de fille" ou une autre "de garçons".
Le dernier exemple a été juste avant Noël où mes élèves ont dû produire par groupe des enchainements d'acrosport. Ce sont des élèves de secondes, dans cette classe les groupes se sont démixés d'eux mêmes. Et les mode d'entrée dans l'activité ont été très différents pour les groupes de garçons ou les groupes de filles. Ce serait un peu long à détailler ici. Mais le résultat a été très chouette comme toujours, ils ont joué le jeu, les filles ont remarqué que les garçons faisait des pyramides difficiles et physiques, les garçons ont remarqué que les filles étaient souples et faisaient des figures compliquées et très propres.
Je sais aussi que lorsque l'on discute en équipe parfois nous divergeons de point de vue femmes d'un côté hommes de l'autre. Je l'ai vu dans des équipes d'autres matières, mais c'est assez marqué en EPS à cause du rapport au corps et au physique dans notre discipline.
Bref cela n'explique pas tout, mais les enseignants ne sont pas neutres devant leurs élèves, la preuve en est que régulièrement les filles essaient de séduire les profs hommes, et inversement pour les garçons (sans que cela dépasse la relation prof élève ....).
En EPS Annick Davisse a beaucoup écrit sur la mixité et j'ai eu le plaisir de l'écouter en conférence à Créteil, elle a été enseignante d'EPS et a écrit avec Volondat. Je rechercherai les références, elle est passionnante à lire ou écouter.
Pour résumer ou démarrer, elle dit que lorsque l'on observe une classe dont le prof est "absent", on peut observer que "les garçons gigotent et les filles papotent".
Maintenant pour savoir la part de l'inné et de l'acquis là-dedans .... Vaste débat

Unknown a dit…

J'ai lu deux fois "la domination masculine" parce que c'est complexe (il y aura toujours des chapitres que je ne comprendrai pas je pense !) mais aussi parce que ca m'a permis en tant que femme, notamment au travail, d'identifier les comportements dont les femmes sont "victimes" que je vivais au quotidien et par rapport auxquels je n'arrivais pas à prendre du recul.
Bourdieu ne donne aucune solution pour résoudre cette domination masculine, mais en identifier les expressions, c'est déjà un premier pas.
IL dit effectivement que c'est probablement un besoin d'ordre social qui a mis en place cet ordre des choses depuis des millénaires. Les hommes étant plus forts physiquement que les femmes, ont dominé physiquement puis dans toutes les sphères...
Ce qui est intéressant c'est également de voir que moi-même, en tant que femme en position de recrutement par exemple, j'avais peut etre tendance à rechercher chez tous les candidats et les candidates les mêmes qualités, celles étant valoriser dans mon travail : plutot des qualités considérées comme "masculines" par notre société et mon milieu professionnel dominé par les hommes.(ex: s'imposer, faire valoir ses actes et ses points de vue).
Bref pour rebondir sur le commentaire de Lulu, finalement ce serait le sexe dominant qui impose son point de vue et causerait l'échec de l'autre sexe.
Peut-etre n'a-t-on pas cherché à régler le pb des petits garçons car nous observons qu'il se résorbe et que les grands garçons réussissent encore mieux que les femmes et donc... au final l'ordre social est respecté !!! les hommes sont mieux lotis !
(peut-etre)

Unknown a dit…

Regardez ce que je viens de trouver !

Extrait d’une actualité du 16 septembre 2009, rédigée par Agnès Blazy, analyste pour CM-CIC Securities
Un rapport réalisé par l’ORSE, l’IFA et European PWN intitulé « L’accès et la représentation des femmes dans les organes de gouvernance d’entreprise » donne en conclusion que la mixité au conseil peut être prônée pour des raisons juridiques, mais également pour des considérations financières : enrichissement des discussions stratégiques, faculté à aborder les sujets difficiles alors que les hommes auraient tendance à les éviter, attitude envers le risque (les femmes répondraient plus rapidement aux signaux de risques). Il est fait référence à une autre étude qui montre que le seuil de trois femmes permet de prendre en compte leur avis.

C'est con, parmi les dirigeants de mon équipe il n'y a que 2 femmes....