dimanche 11 octobre 2009

Déficits : les voleurs crient au voleur

L'état (les états), la sécurité sociale sont en déficit.
Dans une tribune du Monde du 9/10/09, Frank Burbage dit « où passe la réflexion sur les biens communs, sur la propriété sociale, sur les espaces collectifs d'action, de pouvoir et de culture ? ».
Très bonne question, formulée dans un langage simple et clair.

La crise économique permet un débat qui avait été interdit de fait depuis quelques dizaines d'années.
Il n'est pas vrai que les déséquilibres économiques n'avaient pas été analysés, que la course au profit immédiat n'était pas dénoncée. Ceux qui posaient ces questions n'ont pas été entendus. Avaient-ils la parole ? Ils ont été traités de ringards, de passéïstes : Marx était mort, n'est-ce pas ?

Les mécanismes de  la crise actuelle sont maintenant établis. La politique de partage des revenus (il ne faut pas dire l'exploitation capitaliste, c'est ringard) au profit des capitalistes a réduit la solvabilité des marchés de marchandises. Pendant quelques dizaines d'années, la solution a été d'inciter les travailleurs à recourir à l'emprunt, jusqu'au moment où la charge de la dette privée a si nettement dépassé les capacités de remboursement, les revenus que le système s'est retourné.
Les déficits publics ne seraient pas tenables. Les prélèvements obligatoires seraient confiscatoires. Il est vrai qu'un taux de prélèvement supérieur à 50% est probablement décourageant.
Mais si la fourchette des revenus était limitée dans des proportions décentes, la question se poserait-elle encore ?

La valeur ajoutée produite collectivement dans un pays est partagée entre les revenus du travail, l'investissement productif, la rente versée aux propriétaires du capital et le financement des services publics et assurances sociales. Cette répartition peut être aussi vue comme l'allocation du temps de travail collectif entre la consommation privée, les investissements productifs, les investissements et la consommation de services collectifs (éducation, santé, etc.) et la rente. Un des problèmes du capitalisme est que les choix d'investissements productifs visent essentiellement à maximiser la rémunération de la rente.

Les gens qui s'approprient, parce que le rapport de forces est en leur faveur, plus de valeur ajoutée que la reproduction dynamique du système (la croissance) le permet, se comportent comme des prédateurs. En outre, ils se soustraient aux mécanismes de redistribution décidés collectivement : ils deviennent des voleurs. Enfin, quand à partir des paradis fiscaux ils « financent » les déficits publics, ce sont des usuriers.

Il faut, donc, limiter la rémunération de la rente capitaliste à un taux compatible avec la production de valeur ajoutée (par exemple, le taux du livret A en France) et probablement beaucoup de problèmes ne se poseraient plus.

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