mercredi 13 avril 2011

Formation professionnelle : conceptions, ambiguïtés et illusions

Pendant mes 40 ans passés dans la fonction publique, j'ai bénéficié de beaucoup de formations
  • stages techniques informatique, la plupart de 2 à 5 jours,
  • formations, sur le tas, par les collègues,
  • une formation à l'économie pendant une année scolaires, suivie d'un changement de fonction,
  • une formation au FMI (à Washington) pendant 2 mois,
  • des cours de langues, anglais et russe.
En outre, j'ai toujours eu le temps de faire de l'auto-formation : séminaires, lectures de la presse et de revues spécialisées, livres, internet depuis 1995. Les activités politiques et syndicales ont également représenté une formation, sur le tas, à la gestion de projet et au management d'équipe.

Quand j'ai découvert le monde de la formation professionnelle et de l'apprentissage du secteur privé, j'ai rencontré des conceptions qui ne correspondaient pas à mon vécu.
Notamment, la quasi opposition entre les notions de formation initiale et de formation continue. Pour moi, une formation initiale est celle qui permet d'accéder ou de changer de fonction, comme le congé individuel de formation (CIF). En revanche de mon point de vue, pour les agents de l'Etat spécialisés dans le domaine, il s'agit de la fin du parcours scolaire visant les jeunes qui ne sont pas encore entrés sur le marché du travail.
Conception institutionnelle*, où la frontière est notamment marquée par les modes de financement de la formation.

Or cette conception n'est pas cohérente avec certaines réalités, par exemple en ce qui concerne le contrat d'apprentissage et le contrat de professionnalisation (et avant le contrat de qualification).

Mais le plus ennuyeux, à mon avis, est le manque d'implication des entreprises dans la formation professionnelle. Il y a, bien entendu, des exceptions. Comparé à la situation allemande, ce manque d'implication est flagrant. A mon sens, cela découle d'un manque de (ou d'une mauvaise) culture économique et d'une large sous-estimation du rôle du travail, notamment du travail salarié**.

Les conséquences sont multiples :
  • le coût des incitations à l'embauche d'apprentis (exonérations de cotisations sociales, prime régionale et crédit d'impôt) est de l'ordre de grandeur, voire dépasse, le financement des CFA, donc de la formation proprement dite,
  • l'image des entreprises est plutôt négative, notamment dans le milieu éducatif, et il y a un manque de visibilité pour les jeunes, leurs familles et leurs conseillers, des perspectives réelles d'emploi. D'où beaucoup trop d'orientation vers des formations sans débouché,
  • un pilotage des dispositifs assuré essentiellement par les politiques et certaines institutions.
... à suivre ...
*) d'autant plus étonnant que dans la fonction publique la même formation professionnelle initiale est accessible à la fois aux agents issus des concours externes et internes. Je parle des écoles des ministères formant les fonctionnaires de tous les niveaux à leur métier.
**) cette hypothèse est confortée, par l'absurde, par le thème de la revalorisation nécessaire du travail salarié.

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